Parallèle entre le Yoga, les neurosciences et la programmation informatique

En prélude, veuillez lire ma définition d’un « bon programme informatique », vous comprendrez par la suite où je veux en venir :

« La moindre des choses pour un programme est qu’il réalise ce qu’il est censé faire pour répondre aux demandes de l’utilisateur. Un programme bien conçu est fiable et ne génère pas de bogues, ni ne corrompt pas l’intégrité du système. Un programme bien conçu utilise les ressources de la machine de manière parcimonieuse. Il ne consomme que la puissance et la mémoire dont il a besoin afin de laisser les ressources nécessaires aux autres programmes s’exécutant sur la même machine. Enfin, un programme bien conçu est clair et peut être compris par le plus grand nombre afin qu’il puisse être maintenu par d’autres personnes que celui qui l’a écrit. De plus, un code bien conçu est évolutif, c’est-à-dire qu’il peut être corrigé facilement afin de s’adapter aux demandes des utilisateurs. Pour finir, un code informatique doit être testé régulièrement, à chaque mise à jour, afin de garantir que les qualités précitées se maintiennent dans le temps. »

Tout informaticien, chercheur ou utilisateur de l’informatique (c’est-à-dire presque tout le monde à ce jour) sera sans doute d’accord avec cette définition. Maintenant, relisez le précédent paragraphe en remplaçant « programme/code informatique » par « mental humain ». Seulement ensuite, passez au paragraphe suivant qui évoque un chiffre édifiant.

95% des actions que nous effectuons tous sont issues de programmes comportementaux inconscients et automatiques (marcher, se laver les dents, conduire, s’habiller, manger, travailler, interagir avec nos collègues, etc.). Même si ce chiffre, souvent avancé sur le Net, est difficile à vérifier avec exactitude, de nombreux neuroscientifiques s’accordent pour dire que nos comportements automatiques constituent l’essentiel de nos actions (1).

Notre cerveau exécute des programmes comportementaux de manière automatique, en continue, presque 24h/24h. Et souvent, c’est très bien, même dans certaines situations, cela devient vitale.  Imaginez que vous êtes dans votre voiture et que vous devez freiner pour éviter un vélo. Tout se passe en mode automatique, votre cerveau exécutant le sous-programme « Arrêt d’urgence », vos pieds appuient sur la pédale de frein sans même que vous ayez eu le temps d’en prendre conscience. Si vous deviez utiliser votre mental pour calculer l’équation de la meilleure trajectoire et la probabilité d’écraser la personne, bien entendu, cette inefficacité se traduirait sans doute par un drame.

De la même manière, nos comportements sociaux sont souvent inconscients. Par rapport à une situation conflictuelle, certaines personnes vont aborder instinctivement la situation de manière passive, agressive, ou éviter le conflit. Se sentir stimulées, stressées ou bien fuir la situation.   

Dès notre enfance, nous construisons des programmes comportementaux et cognitifs en fonction de notre éducation, notre environnement familial et notre milieu culturel, et surtout les émotions suscitées par nos expériences et interactions quotidiennes avec les autres. Arrivé à l’âge adulte, nous pensons et agissons comme si ces « programmes » étaient « immuables », comme « codés dans le dur », « statiques » ou « gravés dans le silicium » comme on le dit en informatique. Notre vision du monde est figée.

Beaucoup de personnes sont insatisfaites et aimeraient changer leurs conditions de vie. Ils utilisent leur mental pour créer une réalité qui leur semblerait plus belle. Ils basent tout sur le mental ou le calcul (Ex : si je fais cela, je gagnerai tant, ce qui me permettra d’acheter ceci et ainsi je serai heureux).  

Et si nous changions les programmes cognitifs qui sont à l’origine de 95% des actions que nous faisons dans la journée, ne serait-il pas plus productif et efficace ? Et si les nouveaux programmes que nous écrivons mobilisaient l’intégralité de nos ressources ?

En parlant de ressources, sur le plan anatomique, savez-vous qu’il y a plus de 40 000 neurones présents dans le cœur et 500 millions dans les intestins (2) ? Vous me répondrez peut-être que c’est peu comparé au cerveau. Néanmoins, ce qui compte, ce n’est pas tant le nombre que la quantité et la qualité des connexions entre neurones qui est importante.  Certaines techniques de Yoga comme la cohérence cardiaque visent justement à réajuster l’activité cérébrales en établissant une rétroaction entre le cœur et le cerveau. Un « programme » optimal mobilise l’intégralité du système nerveux.

Les meilleurs « programmes » sont donc ceux qui intègrent le corps, le cœur, l’esprit et mental, en prenant bien évidement en compte notre identité et nos émotions (au risque de perdre certains lecteurs, j’ajouterai que les plus efficaces incluent une dimension spirituelle qui nous relie à quelque chose de plus grand).

Et si au lieu d’exécuter les programmes des autres (ceux qu’on nous a téléchargé dans le cerveau au cours de notre éducation, de notre conditionnement social ou par le biais de matraquages médiatiques), vous écriviez vos propres programmes ? … ne serait-ce pas le début de la vraie liberté ? Et si ces programmes pouvaient être testés avec une démarche scientifique, c’est-à-dire en se basant sur l’expérimentation ?

Bien sûr il n’est pas toujours aisé de modifier nos « programmes », surtout si depuis des années, nous nous sommes habitués à ses dysfonctionnements, ses « effets de bords » et si le « Système Opérationnel » sur lesquels ils tournent (c.a.d. nos croyances, notre environnement et la société d’aujourd’hui) est lui aussi complètement « bogué » et « instable ».

Malgré ces difficultés, je suis convaincu que c’est possible. Comme tout « programmeur moderne » qui commencerait une refonte de son « logiciel », la première chose à faire est de démarrer en utilisant le bon « Framework » (cadre de travail) qui servira de base à l’écriture de nos nouveaux programmes.

Pour ma part, le « Framework » que j’utilise est le Hatha Yoga (3) et les Yogas Sutras de Patanjali (4).  La particularité de ce Yoga est qu’il fournit une méthode éprouvée, fiable et très complète. C’est pour moi un socle solide, une philosophie, un guide, voir un fil d’Ariane. Les Yogis utilisent des techniques éprouvées depuis des millénaires et dont les bienfaits sont aujourd’hui validés par de nombreuses études scientifiques. Je citerai par exemple certains Pranayamas, comme la cohérence cardiaque (5) que j’ai mentionnée et dont les effets facilement mesurables ont été validées par la science et qui est utilisée par de nombreux thérapeutes (ou par l’armée !). Je citerai également les études sur les bienfaits de la méditations menées en collaboration avec Matthieu Ricard (6).

UFR Médecine : Respiration et cardiologie : la cohérence cardiaque

 Le succès du Hatha Yoga est qu’il ne repose pas uniquement sur une pratique physique, c’est une approche globale qui mobilise à la fois le corps, les émotions, le mental et l’esprit.  C’est aussi une démarche exigeante car elle nécessite le courage de faire face à nos peurs et à notre égo. Et j’y travaille encore et toujours aujourd’hui !

Si vous souhaitez de prochains articles autours du parallèle entre informatique, IA, neurosciences et le yoga, envoyez-moi un petit message. Cela me motivera pour écrire d’autres articles pour expliquer la démarche du Yoga de Patanjali et comment en tirer les bienfaits dans la vie de tous les jours…    

Voici quelques thèmes que j’envisage d’aborder. N’hésitez pas à me dire si l’un de ces thèmes vous intéresse ou à en proposer d’autres.

  • Parallèle entre Intelligence artificielle (Machine Learning) et le Yoga
  • Réseaux de neurones et Yoga
  • Interprétations et traductions des Yoga Sutras
  • Techniques de Yoga ou de méditation

Références :

  • Vidéo UFR médecine : « Respiration et cardiologie : la cohérence cardiaque »

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